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Channel: Mais Ne Nous Délivrez Pas Du Mal
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Cin'Express #14 - Octobre 2014

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* Gone Girl, de David Fincher : Une femme disparaît. Là, dans un pavillon paisible, dans cette banlieue cotonneuse où tout le monde fait comme si tout allait bien. Kidnappée ? Morte ? Le mari (Ben Affleck, pour une fois convainquant) traîne son mystère et sa lassitude ; l'affaire prendre une ampleur monstre, les secrets remontent à la surface et le temps n'est plus à la confiance. De là, Fincher tient son Twin Peaks, jusque dans les nappes sonores de Reznor qui évoquent celles de Badalamenti. Puis les surprises s'accumulent, et la hargne, la méchanceté (ça tape dur et fort sur le mariage et les médias, parfois même sans finesse, mais de manière réjouissante) lorgnent presque vers Verhoeven, jusque dans un sursaut gore évoquant le meilleur de Basic Instinct. Et puis il y a Rosamund Pike, caméléon glacial, qui offre une prestation obsédante. Le thriller de l'année, sans efforts.

* Mommy, de Xavier Dolan : Deux Dolan en un an, c'est pas rien. Après la noirceur de Tom à la ferme, voilà de la lumière, du souffle. Une palme d'or loupée mais un speech, un succès, une présence médiatique. Entre sa place en compétition et l'absence de thèmes queers, Mommy a eu le pouvoir de  ratisser plus large. Mais est-il le meilleur Dolan pour autant ? Pas forcément...
Il y a donc ce triangle d'amour et de haine entre une mère larguée, un môme violent et leur voisine, dont le bruit incessant de ce duo infernal va la sortir de la torpeur. Évidemment, Mommy est beau : Dolan trace sa route sur des images éclatantes, musicales (b.o à la fois 90's et populaire, comme on aime), puissantes (la scène de renaissance sur On ne change pas ou l'explosion du cadre, déjà cultes), guidées par un trio vedette impeccable. Mais l'hystérie l'emporte parfois, Dolan s'empêtre, oublie de lâcher du leste. Un déséquilibre qu'on ne rencontrait par dans ses œuvres précédentes, ou peu. En somme, le meilleur était déjà derrière lui : mais on y croit fort, encore, et toujours.

* Chemin de Croix, de Dietrick Bruggemman: Après le martyr trash de Aux mains des hommes, la petite sainte du dimanche ! Sur un concept moins gadget qu'il n'y paraît (quatorze séquences bâties sur le calvaire de Jesus), une adolescente de quatorze ans du nom de Marie (bien évidemment) se détruit à petit feu au nom de Dieu. Un portrait glaçant, où l'on oublie la froideur apparente par la tristesse qui boue dans des échanges quotidiens (Bruggemman a un vrai talent pour filmer le malaise grandissant). Bien que remuant (évoluant dans un milieu catho fondamentaliste, Marie s'empêche de vivre et subit la colère d'une mère dure comme du roc) et porté par des actrices exceptionnelles, Chemin de Croix se conclue dans une douceur noire hélas tout sauf surprenante, qui pèche par un vrai manque de puissance et de férocité. Un sujet à la Bunuel pour un traitement à la Haneke : être sage n'était pas la conduite conseillée pour un tel exercice.

* Lilting, ou la délicatesse, de Hong Khaou: Au fin fond d'une maison de retraite qu'elle ne supporte pas ; une mère, à présent seule, rumine sa tristesse sur fond de papier peint : personne ne parle sa langue et son fils vient de mourir, laissant aussi un compagnon chamboulé. Celui-ci tente de s'introduire auprès de la vielle femme, qui le ne connaît pas, et n'a jamais eu vent de l'homosexualité de son fils. Plutôt qu'une joute verbale, Liltingemprunte la voix d'une lettre douce, écrite avec des larmes et du cœur, avec autant de thèmes rares et précieux à disposition (le coming-out, la vieillesse, le deuil, la communication). Empli de délicatesse (trop?) comme son titre l'indique, le résultat joue la carte du mélo sobre, qui saura attendrir ceux qui le veulent bien. Beau sujet, beaux acteurs, beau moment.

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