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Cin'Express #15 - Novembre 2014

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* L'incomprise, de Asia Argento : Plus discrète, moins méchante, plus posée, plus  "maman", Asia Argento revient et nous cause encore d'une enfance qui se consume dans les cris. Ballottée entre deux parents borderline et caractériels, la petite Aria (changez une lettre et voilà) erre entre deux maisons, entre deux couloirs, entre deux crises. On guette les miettes auto-biographiques (artiste traversée d'élans ésotériques, le rôle de Charlotte Gainsbourg évoque de temps à autre Daria Nicolodi, mère d'Asia à la ville) et on se laisse emporter par la fraîcheur de la jeune interprète. La fantaisie, la lucidité et la rage punk de la réalisatrice occasionnent des moments féroces, mais on voit vite où la belle veut en venir : le film finit par tourner en rond et se termine dans une urgence maladroite. Cherchant maintenant à isoler son métier d'actrice, on espère tout de même que la jeune femme trouvera de nouvelles choses à dire, au risque de continuer à se marteler le cœur.

* Une nouvelle amie, de François Ozon : Il est entendu qu'Ozon ne parviendra pas à retrouver la subversion qui agitait ses débuts. Mais il essaye, il tente : on aime bien. Une nouvelle amie est de ceux là, renouant avec un sujet aux couleurs LGBT déjà glorieusement abordé par Dolan (le cross-gender en l’occurrence). Vendu comme un thriller malsain (problème de com' ? Promo mesquine ?), Une nouvelle amie est surtout une belle romance couleur arc en ciel, où un veuf retrouvant goût à la vie par le travestissement, fascine la meilleure amie de sa défunte épouse. Entre comédie et drame, Ozon jongle avec ce qu'il préfère (des parfums nécrophiles renvoyant à sa première période et à Hitchcock, un Duris tout en kitcherie, des chansons populaires magistralement utilisées), s'amuse et trouble, et émeu souvent (la très belle scène dans la boite gay). Un joli doigt d'honneur aux excités du gender et aux manifestants bleu et rose.

* Respire, de Mélanie Laurent : Après le bashing, la réconciliation ? Actrice remarquée mais guère futée, Mélanie Laurent revient à la réalisation avec un teen-movie pas aussi frais et optimiste que son affiche le laisse entendre. Surprenant donc. Ni histoire d'amour, ni belle histoire d'amitié, Respirec'est plutôt la lol génération en pleine déconfiture, avec la relation entre une ado simple et aimée et la nouvelle de l'école, une blonde au caractère bien trempée qui va se révéler scandaleusement corrosive. Le thème de la perversion narcissique est ici traitée sans sensationnalisme, et se montre même terrifiant (puisque scandaleusement ancré dans la banalité du quotidien) jusqu'à la dernière image. Outre deux actrices vedettes très en forme, c'est le climat anxiogène qui dénote une vraie maîtrise de la tension, comme un étau qui enserre le spectateur et le personnage principal en un tour de main. 

* Eden, de Mia Hansen-Love : Un sujet ambitieux - en l'occurence la french touch - tourné totalement vers l'hexagone et rarement (voire jamais) abordé : Edenétait prometteur. Mais cette fresque musique sur les aventures d'un DJ biberonné au Garage s’essouffle diablement vite. La raison ? Jamais la réalisatrice ne réussit à rendre touchant cette suite de vignettes souvent incroyablement banales, et qui refusent catégoriquement de faire corps avec la musique qu'elle aborde. Une œuvre plate et interminable, parfois réveillée à coup de Daft Punk (qui traversent le film au détour d'un running gag) ou par la gouaille de Vincent Macaigne.


* Interstellar, de Christopher Nolan : Un peu d’esbroufe, un peu de paillettes, de stars et boom : Nolan vous a eu. Sous influence Spielberg (qui était sur les starting blocks à l'origine), le monsieur blockbuster du moment scrute les étoiles et fait pleurer tout son casting quatre étoiles. C'est là la plus grande surprise d'Interstellar : faire passer son cinéma glacé habituel à du mélo SF qui chouine du côté de 2001. Moins bavard, plus spectaculaire, (beaucoup) plus concis et plus sensationnel, Gravity lui brûle hélas la priorité côté suspens spatial. Reste Hans Zimmer qui se prend soudainement pour Philip Glass avec une composition massive toute en orgue et en mélancolie.

* Nightcall, de Dan Gilroy : Vendu comme un sous-Drive (jusque dans son retitrage parfaitement inutile), Nightcrawler partage en effet quelques références communes avec le chef d'oeuvre de Refn (Friedkin, Mann, L.A la nuit, des bagnoles...) mais s'arrête gentiment là. Outsider maigrichon aux yeux fou, Jake Gyllenhal change de cap et de peau en strider vampirique, qui hante les nuits de la cité des anges en filmant les pires horreurs pour satisfaire l'audimat. Carré, acide, élégant, ça tire sur l’éternel voyeurisme télévisuel sans dire quelque chose de nouveau. Parfois longuet, rarement renversant, trop prévisible, la mécanique huilée s'enraye à mi-parcours. Reste le numéro de son acteur vedette, inattendu en Patrick Bateman de la caméra.

* La prochaine fois je viserais le cœur, de Cédric Anger : Au pire des cas, on attendait un téléfilm F3 un peu glauque, avec Canet qui nous fait encore le coup du contre-emploi derrière des arbres morts. Le résultat final, lui, est un surprise inespérée. Dès le début, troublant et brutal, on sait déjà qu'on est loin de Louis la Brocante. Esquissant à merveille la psyché de son tueur (un policier partant enquêter sur ses propres meurtres !) sans chercher à la déloger de tout son mystère (schizo ? Homo refoulé ? Misogyne allumé?), cette plongée dans la grisaille campagnarde captive, et apprend à savourer les instants bizarres (le film s'ouvrant et se conclue dans le plus grand mystère sur une photo languissante de David Hamilton) ou éprouvants (des attaques impitoyables). Une sacré bonne surprise.

* [REC] 4 Apocalypse, de Jaume Balaguero : Difficile de déterminer quel est le plus triste dans cette affaire : qu'il s'agisse du plus mauvais film de Balaguero ou qu'il conclue pitoyablement une saga qui ne s'imposait pas ? Dans un cadre pourtant inhabituel au film de zombies/contaminés, en l'occurence un bateau, ce quatrième opus tente de recoller les morceaux entre le dyptique initial et le troisième volet, qui n'était qu'un spin-off. Mais comme le Titanic en son temps, l'entreprise prend l'eau et coule de toute part : personnages sans intérêts (militaires à la chaîne, héroïne antipathique et geek bouffeur de barres chocolatées), scènes d'action filmées à la truelle, péripéties faisandées (on pique même le moteur de hors-bord de Zombie Holocaust), zéro idées, ambiance foirée...heureusement, c'est quand même la fin.

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