* Godzilla, Gareth Edwards : A la manière de Neil Blomkamp avec Elysium, Gareth Edwards se voit offrir un très généreux deuxième essai après son remarqué Monsters et pas des moindres, puisqu'il aura la tâche de ressusciter le monstre le plus célèbre de la planète. Une nouvelle résurrection espérée pour le Kaiju Eiga, déjà bien aidé par Pacific Rim. Moins fantaisiste d'ailleurs, plus sombre et plus carré, ce nouveau Godzilla est aussi une belle déception, bien que loin d'être un mauvais film. Relégué par des personnages humains fadasses (pater militaire solide comme un roc, infirmière qui pleure, gamin joufflu, scientifique monolithique et vieux qui chouine) et ses ennemis (au design assez laborieux), ce bon gros Godzilla (ou Casimir, on ne sait plus trop) se contente de traverser comme une ombre son propre film pour ensuite intervenir dans la toute dernière partie, histoire de justifier l'attente. Une approche déceptive et fade sauvée in extremis par une réalisation spielbergienne en diable, livrant des tableaux saisissants convoquant à la fois fureur et mystère. Espérons qu'Edwards n'aura pas le verre d'eau à moitié vide pour le Star Wars venant de tomber entre ses mains...
* The Homesman, Tommy Lee Jones : Si cette nouvelle percée dans le Western est aussi passionnante, c'est sans nul doute que Jones a autre chose à faire que d'imiter les archétypes habituels du Western. Un vrai/faux Western d'ailleurs, et sans doute le plus bizarre et le plus fascinant vu à Hollywood depuis Les proies, qui décortiquait maladivement les rapports hommes/femmes. Sauvant un vieux grigou de la pendaison, une vieille fille sollicite son aide pour le transports de trois femmes devenues démente à travers le désert. Original à coup sûr, inattendu aussi : l'absence de concession (tout comme dans Trois enterrements) confine à des scènes parfois infiniment dérangeantes, souvent belles, et prolonge le goût de Jones pour une poésie désespérée et funèbre (un blue hotel brûlant dans la nuit étoilée, un tombeau profané...). Un goût de poussière, d'abandon, de mort, qui vise le coeur et au delà, jusque dans les ruptures de tons amenées par le personnage de Jones himself. Renversant.
* Deux jours, une nuit, de Jean-Pierre & Luc Dardenne :Le trio gagnant Dardenne frères + Cottillard semblait sourire au destin de ce Deux jours une nuit, qui rentrera finalement bredouille (en même temps, après deux palmes d'or, on peut comprendre hein...). S'accordant toujours à une mise en scène limpide, quasi-documentaire, les deux frangins trimballent la carcasse de Sandra, mère de famille sous Xanax, qui tente de convaincre ses collèges de voter contre son licenciement, alors qu'ils se voient tous offrir une coquette prime. Un suspens étonnant, poignant, sans chichi ni misérabilisme caricatural, là où un tel sujet n'attendait que ça. Cette valse de prolétaires canalise à merveille sa tension, jusque dans une direction d'acteurs saisissante. Comme Sandra, souriant douloureusement dans les échos lointains d'une chanson de Petula Clark, on finit par comprendre que tout est possible au bord du gouffre. Et c'est beau.
* Au nom du fils, de Vincent Lanoo : La vie est un long headshot tranquille, et apparemment c'est l'idée générale de ce très surprenant vigilante féminin, chrétien et belge ! Quand une grenouille de bénitier pressée de sauver les brebis égarées sur sa station de radio catho (Astrid Whettnall, parfaite) voit sa vie basculer suite à la mort violente de son mari et de son fils dans des circonstances tragiques, la prière ne réconforte plus. Se retrouvant en possession d'une liste d'hommes de foi ayant été suspectés de pédophilie, elle entame une quête vengeresse dans l'espoir de venger l'âme de son chérubin. Totalement fou, presque impensable, et drôle aussi quelque part : ce qui explique que Lannoo vogue entre la farce façon rire jaune, et le drame corsé. Une hybridité qui échappera à beaucoup, mais qui entretient la saveur de cette "justicière dans l'église". On peut cependant être moins convaincu par l'épilogue, un poil trop obscur.
* L'armée du salut, de Abdellah Taia: Adaptant sa propre autobiographie, Abdellah Taia reformule un geste beau et courageux, revenant sur ses propres traces dans une douleur silencieuse. Il se revoit, adolescent discret, qui sillonne les rues de son village, aimant des hommes de passages, sans qu'on sache où se trouve le plaisir et la contrainte. Et ce rapport ambivalent, passionné, interdit, avec sa famille. L'approche est pudique sous tous les fronts, intrigue dans ses zones d'ombres mais perd aussi son spectateur par sa froideur. Mais son exploration d'un tabou, son regard sur la dérive, a le mérite de se poser là.
* Maléfique, de Robert Stromberg : A la fois remake, nouvelle interprétation et spin-off de La belle au bois dormant, Maléfique part d'un principe déjà tué dans l'oeuf à sa naissance : comment Disney pourrait donner le premier rôle à un personnage malfaisant ? La réponse ne se fait pas attendre : Maléfique n'a de "maléfique" que son nom. Si Angelina Jolie n'a plus rien à prouver côté charisme, le résultat est un contresens monstrueux au conte original, humanisant jusqu'à la nausée une des plus fascinantes méchantes de l'histoire de Disney. Elfe bienveillante (mais avec un vilain nom quand même) qui n'a été méchante que deux secondes dans sa vie, la brave dame en noir deviendra la bonne fée de sa victime, la toujours aussi niaise Aurore (Elle Fanning, inconsistante). Et puisqu'il faudra trouver un vrai méchant, on y place Sharlto Coopley, qui était déjà l'insupportable bad guy d'Elysium. Vient s'y greffer un prince charmant échappé des One Direction, des fées débiles et un Sam Riley décoratif, uniquement là pour faire couiner les petites goth. Que reste t-il de tout ça ? Le visuel, soigné mais impersonnel (croisant la Pandora d'Avatar et la patte heroic-fantasy de Blanche Neige et le chasseur) , et la reprise de Once Upon a Dream de Lana Del Rey qui dépasse en lyrisme, en trouble et en noirceur, tout ce qui vient de précéder.
* The Homesman, Tommy Lee Jones : Si cette nouvelle percée dans le Western est aussi passionnante, c'est sans nul doute que Jones a autre chose à faire que d'imiter les archétypes habituels du Western. Un vrai/faux Western d'ailleurs, et sans doute le plus bizarre et le plus fascinant vu à Hollywood depuis Les proies, qui décortiquait maladivement les rapports hommes/femmes. Sauvant un vieux grigou de la pendaison, une vieille fille sollicite son aide pour le transports de trois femmes devenues démente à travers le désert. Original à coup sûr, inattendu aussi : l'absence de concession (tout comme dans Trois enterrements) confine à des scènes parfois infiniment dérangeantes, souvent belles, et prolonge le goût de Jones pour une poésie désespérée et funèbre (un blue hotel brûlant dans la nuit étoilée, un tombeau profané...). Un goût de poussière, d'abandon, de mort, qui vise le coeur et au delà, jusque dans les ruptures de tons amenées par le personnage de Jones himself. Renversant.
* Deux jours, une nuit, de Jean-Pierre & Luc Dardenne :Le trio gagnant Dardenne frères + Cottillard semblait sourire au destin de ce Deux jours une nuit, qui rentrera finalement bredouille (en même temps, après deux palmes d'or, on peut comprendre hein...). S'accordant toujours à une mise en scène limpide, quasi-documentaire, les deux frangins trimballent la carcasse de Sandra, mère de famille sous Xanax, qui tente de convaincre ses collèges de voter contre son licenciement, alors qu'ils se voient tous offrir une coquette prime. Un suspens étonnant, poignant, sans chichi ni misérabilisme caricatural, là où un tel sujet n'attendait que ça. Cette valse de prolétaires canalise à merveille sa tension, jusque dans une direction d'acteurs saisissante. Comme Sandra, souriant douloureusement dans les échos lointains d'une chanson de Petula Clark, on finit par comprendre que tout est possible au bord du gouffre. Et c'est beau.
* Au nom du fils, de Vincent Lanoo : La vie est un long headshot tranquille, et apparemment c'est l'idée générale de ce très surprenant vigilante féminin, chrétien et belge ! Quand une grenouille de bénitier pressée de sauver les brebis égarées sur sa station de radio catho (Astrid Whettnall, parfaite) voit sa vie basculer suite à la mort violente de son mari et de son fils dans des circonstances tragiques, la prière ne réconforte plus. Se retrouvant en possession d'une liste d'hommes de foi ayant été suspectés de pédophilie, elle entame une quête vengeresse dans l'espoir de venger l'âme de son chérubin. Totalement fou, presque impensable, et drôle aussi quelque part : ce qui explique que Lannoo vogue entre la farce façon rire jaune, et le drame corsé. Une hybridité qui échappera à beaucoup, mais qui entretient la saveur de cette "justicière dans l'église". On peut cependant être moins convaincu par l'épilogue, un poil trop obscur.
* L'armée du salut, de Abdellah Taia: Adaptant sa propre autobiographie, Abdellah Taia reformule un geste beau et courageux, revenant sur ses propres traces dans une douleur silencieuse. Il se revoit, adolescent discret, qui sillonne les rues de son village, aimant des hommes de passages, sans qu'on sache où se trouve le plaisir et la contrainte. Et ce rapport ambivalent, passionné, interdit, avec sa famille. L'approche est pudique sous tous les fronts, intrigue dans ses zones d'ombres mais perd aussi son spectateur par sa froideur. Mais son exploration d'un tabou, son regard sur la dérive, a le mérite de se poser là.
* Maléfique, de Robert Stromberg : A la fois remake, nouvelle interprétation et spin-off de La belle au bois dormant, Maléfique part d'un principe déjà tué dans l'oeuf à sa naissance : comment Disney pourrait donner le premier rôle à un personnage malfaisant ? La réponse ne se fait pas attendre : Maléfique n'a de "maléfique" que son nom. Si Angelina Jolie n'a plus rien à prouver côté charisme, le résultat est un contresens monstrueux au conte original, humanisant jusqu'à la nausée une des plus fascinantes méchantes de l'histoire de Disney. Elfe bienveillante (mais avec un vilain nom quand même) qui n'a été méchante que deux secondes dans sa vie, la brave dame en noir deviendra la bonne fée de sa victime, la toujours aussi niaise Aurore (Elle Fanning, inconsistante). Et puisqu'il faudra trouver un vrai méchant, on y place Sharlto Coopley, qui était déjà l'insupportable bad guy d'Elysium. Vient s'y greffer un prince charmant échappé des One Direction, des fées débiles et un Sam Riley décoratif, uniquement là pour faire couiner les petites goth. Que reste t-il de tout ça ? Le visuel, soigné mais impersonnel (croisant la Pandora d'Avatar et la patte heroic-fantasy de Blanche Neige et le chasseur) , et la reprise de Once Upon a Dream de Lana Del Rey qui dépasse en lyrisme, en trouble et en noirceur, tout ce qui vient de précéder.